Alors que depuis 1827, le gouvernement fribourgeois cherche à améliorer sa maison de force, il change radicalement ses priorités en 1847 et décide d’investir son énergie dans une prison centrale. Ce travail de mémoire démontre que ce changement de cap est dû à l’enfermement de l’élite radicale fribourgeoise après sa tentative de soulèvement en janvier 1847. En effet, l’insalubrité des prisons est telle qu’un député y décède à la fin de l’année. Pour cette raison, à l’issue du Sonderbund, après leur prise de pouvoir, les radicaux détruisent immédiatement les anciennes prisons. Les années qui suivent sont marquées par des soulèvement réguliers de leurs adversaires politiques. Nous avons observé que ces révoltes, exagérément imputées aux milieux ecclésiastiques, ont servi de prétexte aux radicaux pour supprimer plusieurs couvents, notamment celui des Augustins. Dans ce contexte, ce couvent a provisoirement servi de prison politique. Le code pénal de 1849, qui donne une place inédite à l’enfermement, a ensuite rendu pérenne la prison des Augustins. À la fin du premier chapitre de notre travail, nous avons néanmoins démontré que le gouvernement fribourgeois renonce à de nombreux aménagements dans le couvent, dans l’objectif de limiter les coûts, ce qui a rendu la prison moins efficace et plus pénible à habiter.
Dans le second chapitre, nous avons fait une courte histoire des statistiques pénitentiaires fribourgeoises et avons vu quels types de détenus étaient enfermés aux Augustins et dans quelles conditions. Nous avons démontré aussi que les conditions d’existences du détenu dépendaient de la nature du délit, mais aussi et surtout de son statut social. Nous avons pu prouver qu’une très grande partie des détenus n’a pas d’emploi ou exerce un métier précaire et irrégulier. Nous avons ensuite vu pourquoi de nombreux mineurs se retrouvent enfermés dans la prison des Augustins.
Dans un troisième chapitre, nous avons donné un aperçu du fonctionnement de la prison. Nous avons documenté le statut de geôlier, ainsi que celui de domestique. Nous avons montré que le geôlier avait avantage à restreindre le confort des détenus, puisque cette diminution de dépense lui revenait directement. Ainsi, nous avons constaté les conditions désastreuses que vivent certains prisonniers, qui sont couverts de saleté, de vermines et parfois gravement malades. Nous avons aussi démontré que des libertés sont parfois accordées à ces mêmes détenus : alcool, promenades, visites, etc. En plus, nous avons documenté les libertés qu’ils prennent eux-mêmes : contrebande, communication, évasions, etc. Finalement, nous avons vu que la prison des Augustins est une institution dans laquelle de nombreux abus sexuels se sont produits.
À la fin de notre travail, nous avons écrit un court épilogue qui permet de comprendre comment et pourquoi la prison des Augustins est supprimée.