Ce travail de mémoire s’intéresse à la jeunesse radicale démocratique vaudoise (JRDV), de sa fondation sur le plan cantonal en 1935, jusqu’à la fin des Trente Glorieuses en 1975. Fondées avec le soutien du parti radical démocratique vaudois (PRDV) en 1935, les JRDV connurent un parcours contrasté. Après des premières années difficiles caractérisées par un manque criant d’organisation et marquées par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale qui entraîna la mort de nombreuses sections jeunes radicales, l’année 1945 marqua un renouveau, avec la publication de leur propre organe d’opinion, le journal Agir. Commença alors une période de relative tension avec le parti, tout d’abord avec l’émergence de tendances radicales « de gauche » au sein de la jeunesse. Puis, à partir du milieu des années 1950, la jeunesse radicale lausannoise (JRL) voulut déposer des listes électorales séparées pour les élections communales et cantonales. Ces listes séparées en 1957 puis en 1962 débouchèrent sur la création d’un parti jeune radical propre et distinct du PRDV à Lausanne, n’ayant plus rien à voir avec une organisation de jeunes dans le sens biologique du terme. Cette situation entraîna également l’explosion des JRDV sur le plan cantonal et la fondation d’une nouvelle association de jeunesses radicales, avec de nouveaux statuts et sans la dissidence jeune radicale lausannoise. Commença alors une nouvelle ère pour les jeunesses radicales, avec de nouveaux statuts en 1969 puis en 1975, qui témoignèrent d’une évolution profonde du rôle de la jeunesse pour le parti radical.
Ce travail se base principalement sur le fonds du PRDV, déposé aux Archives cantonales vaudoises (ACV) à Lausanne, dont une sous-partie est consacrée aux jeunesses radicales. Il prend également appui sur la presse jeune radical, Agir (publié de 1945 à 1960), et Pour Agir (publié de 1960 à 1968), ainsi que sur la presse en ligne numérisée sur scriptorium.ch. Les JRDV y sont analysés sous l’angle de la relation et des interactions avec le parti radical vaudois. Pourquoi le parti radical vaudois, initialement un parti de cadres recrutant ses élites dans les sociétés d’étudiants, s’est-il doté d’une organisation de jeunes ? Qui étaient les jeunes radicaux vaudois? Quelle organisation possédaient-ils? Comment se traduisaient leurs rapports vis-à-vis du parti ? Quels rôles jouaient-ils pour le PRDV ? Ce travail tente de répondre à ces diverses questions.
Dans un premier temps, les analyses dévoilent une jeunesse que l’on pourrait qualifier « de cadres ». Si le profil des jeunes militants de base est difficile à appréhender, faute de listes de membres, les dirigeants des sections jeunes radicales étaient bien souvent des radicaux d’une trentaine d’année, avec déjà une solide formation professionnelle et politique. Cet état de fait était renforcé par l’absence de limite d’âge jusqu’en 1960 ainsi que par la grande imbrication entre les deux organisations. Ensuite, concernant les rapports entretenus par les JRDV et le PRDV, ils étaient hétérogènes et variaient fortement au fil du temps et d’un endroit à l’autre. La scission lausannoise marqua néanmoins le tournant décisif. Avant 1960, les JRDV étaient principalement mal définies, mal coordonnées et souffraient d’une grosse méfiance de la part du PRDV. Avec la nouvelle association en 1960, la méfiance resta de mise au niveau local, mais nous observons une intégration progressive de la jeunesse au sein du parti, avec notamment une tentative de rajeunissement des effectifs, une meilleure collaboration en matière électorale et un contrôle étroit des finances par le parti. Malgré tout, de part leur imbrication avec le PRDV et leur structure, les JRDV n’arrivèrent guère à s’imposer de manière définitive et conservèrent un caractère accessoire aux yeux du parti durant la période étudiée. A ce titre, l’histoire des JRDV est révélatrice des problèmes et des blocages internes du PRDV.