Fragmentierte Geschichte? Verbindungen und Brüche in einer sich ausdifferenzierenden Forschungs- und Bildungslandschaft

Autor / Autorin des Berichts
Lyonel
Kaufmann
Zitierweise: Kaufmann, Lyonel: Fragmentierte Geschichte? Verbindungen und Brüche in einer sich ausdifferenzierenden Forschungs- und Bildungslandschaft, infoclio.ch Tagungsberichte, 19.08.2025. Online: <https://www.doi.org/10.13098/infoclio.ch-tb-0397>, Stand: 21.08.2025

Responsabilité : Béatrice Ziegler / Regula Argast

Intervenantes et intervenants : Nadine Fink / Monika Gisler / François Valloton / Martin Pryde

Commentaire : Regula Argast

L’objectif de cette table ronde consistait à comprendre les différentes manières d’aborder l’histoire dans quatre champs professionnels de la discipline : histoire académique, histoire publique, enseignement de l’histoire et didactique de l’histoire. Il s’agissait d’identifier les dénominateurs communs, les coopérations possibles mais aussi les concurrences, voire les ruptures. La discussion intervient dans un contexte de remise en question de la science historique et de son financement dans la sphère publique.

En introduction, BÉATRICE ZIEGLER (Zurich) témoigne d’une incompréhension mutuelle entre les différents acteurs, qui produit une fragmentation de la discipline historique et nuit au poids des professionnels de l’histoire dans les politiques éducatives mises en œuvre.

REGULA ARGAS (Bâle), modératrice, demande ensuite aux intervenantes et intervenants d’expliquer brièvement quels sont, selon elles et eux, les tâches les plus importantes de leur champ d’activité respectif dans le traitement de l’histoire, puis de décrire les plus grands défis qu’ils ou elles rencontrent actuellement.

Concernant la Public History, MONIKA GISLER (Berne) indique qu’elle consiste à rendre l’histoire agréable à ceux qui ne l’aiment pas, à travers différents médias et formats (livres, expositions, médias traditionnels et numériques). La médiation est au cœur de cette démarche, avec une attention particulière à la diversité des publics et des contextes de diffusion. L’histoire publique étant destinée à un public très large, la difficulté consiste à ne pas savoir exactement à qui l’on s’adresse.

S’il y a beaucoup de similarité avec l’histoire publique, MARTIN PRYDE (Berne) pense que pour l’enseignement scolaire, le défi le plus important est d’aider les élèves à comprendre les événements actuels à la lumière de l’histoire, tout en tenant compte de leur diversité culturelle et de leurs expériences individuelles. Les enseignants doivent adapter leur pédagogie à des classes hétérogènes et à un contexte marqué par l’influence des réseaux sociaux. Il y aussi les attentes de jeunes qui veulent aussi entendre leur histoire, celle de leur région, qu’il s’agisse de l’ex-Yougoslavie, du Proche-Orient ou de l’Asie. Être aussi capables d’enseigner ces histoires est une tâche exigeante pour les enseignantes et enseignants.

Pour FRANCOIS VALLOTTON (Lausanne), les chercheurs universitaires sont confrontés à la nécessité de renouveler leurs pratiques pédagogiques et de s’ouvrir à la société, notamment par des projets de médiation culturelle et des partenariats institutionnels. Il manque encore la reconnaissance institutionnelle de ces activités de médiation dans les carrières académiques. Il souligne aussi les difficultés liées au financement de la recherche, notamment pour les doctorants.

NADINE FINK (Lausanne) définit la didactique de l’histoire comme la discipline s’intéressant aux conditions dans lesquelles les individus apprennent (ou n’apprennent pas) l’histoire, à la transmission des savoirs historiques, ainsi qu’aux liens entre épistémologie, historiographie et pratiques pédagogiques. La didactique vise à documenter et à améliorer les pratiques d’enseignement et d’apprentissage de l’histoire. Il s’agit aussi de s’intéresser à nos propres méthodes de formation et à leur production.

La suite des échanges a porté sur les points de convergences et les défis communs à ces quatre champs de l’histoire.

En premier lieu, la fragmentation des approches a été soulignée, mais aussi la concurrence entre elles en matière de financements et de reconnaissance institutionnelle. Vallotton souligne l’intérêt récent des milieux académiques pour les démarches et travaux de l’histoire publique, et mentionne sa participation à l’élaboration d’un jeu à destination d’un public familial, en coopération avec le bureau de l’intégration du Canton de Neuchâtel. Cependant, il note que ces activités, désormais reconnues et soutenues, ne sont pas prise en compte dans les profils de carrière. Pour Gisler, le dialogue n’a pas vraiment lieu dès lors que les universités, en faisant de la recherche sous contrat, entrent en concurrence avec son propre champ d’activité et ceux de ses collègues, notamment pour la recherche de fonds Pour sa part, Fink alerte sur le contexte actuel conduisant à des coupes budgétaires, où les travaux historiques et les collaborations sont effectivement très fragilisés. Pryde met en évidence la forte dépendance des enseignantes et enseignants à la recherche historique récente, nécessaire pour être en mesure de présenter clairement et de contextualiser des sujets d’actualité, comme les mesures de coercition à des fins d’assistance en Suisse.

Dans ce contexte difficile, tous insistent sur l’importance de renforcer la coopération et le dialogue entre les différentes professions liées à l’histoire, afin de mieux servir la société et de défendre la place de l’histoire dans le débat public. À ce titre, Fink évoque la nécessité de créer des ponts et met en évidence le travail de la revue trilingue (français, allemand, italien) Didactica historica, financée par l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH). Son dernier numéro, consacré au thème de la rue, est issu d’une collaboration avec le Festival Histoire et Cité, initié par l’Université de Genève.

Pour surmonter les frictions et les dépasser, Fink milite pour que toutes et tous travaillent à partir de leurs propres objets, et coopèrent, afin que l’histoire reste importante dans notre société. C’est cette diversité de métiers spécialisés qui produit de bons résultats. Il n’y a rien de pire, selon elle, que lorsqu’une seule personne veut tout faire.

Si elle participe parfois pro bono à certains projets, Gisler insiste sur les contraintes de son entreprise devant faire en sorte qu’elle puisse vivre de son travail. Sa situation personnelle reste relativement privilégiée par rapport à d’autres de ses collègues, qui ne peuvent plus s’engager bénévolement en raison de leur situation financière précaire.

Vallotton souhaite dépasser les blocages ou les concurrences mutuelles tout en tenant compte de la diversité des modèles économiques. Dans le contexte actuel de restrictions budgétaires, il faut continuer quoi qu’il en coûte, éventuellement avec un peu moins d’ambitions et un peu moins de moyens, quitte à redimensionner certains projets. Il promeut aussi les espaces fédérateurs, à l’exemple du portail infoclio.ch, un lieu d’information et de collecte d’informations, mais aussi un lieu proactif pour défendre notre discipline, pour mieux la faire connaître, pour développer des formats innovants, comme les Living Books about History ou des podcasts.

Gisler souhaite cependant que les institutions faîtières de l’histoire s’engagent davantage pour réunir plus souvent les différents acteurs et actrices du domaine et les faire dialoguer.

En ce moment où les heures d’histoire dans les programmes scolaires sont menacées, Pryde ressent un fort besoin de synergie. Il appelle élever la voix dans les grands médias pour défendre un savoir qui défie le statu quo, qui met mal à l’aise. Tous se rejoignent alors relativement à leur engagement sociétal, au rôle crucial de l’histoire dans la compréhension des enjeux contemporains (climat, conflits, formes de gouvernance) et à la nécessité de s’engager collectivement dans les débats de société.

Ce compte rendu fait partie de la documentation infoclio.ch des 7es Journées suisses d’histoire.

Veranstaltung
Siebte Schweizerische Geschichtstage
Organisiert von
Schweizerische Gesellschaft für Geschichte
Veranstaltungsdatum
-
Ort
Luzern
Sprache
Französisch
Art des Berichts
Conference