L’ardue mission de la Croix-Bleue en Suisse romande : le relèvement des buveurs entre 1877 et 1930

Cognome dell'autore
Raphaël
Schori
Tipo di ricerca
Tesi di master
Stato
abgeschlossen/terminé
Cognome del docente
Prof.
Anne-Françoise
Praz
Istituzione
Histoire contemporaine
Luogo
Fribourg
Anno
2016/2017
Abstract

Au terme de notre Mémoire, nous avons répondu à notre question initiale : Comment la Croix- Bleue parvint-elle à relever des buveurs ? Au cours de notre travail, nous avons vu que la Société de Rochat employait différentes mesures. Elle sensibilisait déjà la population et les alcooliques aux dangers de la consommation par une propagande plurielle. Puis, elle prônait au sein des sections et des asiles l’abstinence comme moyen de relèvement. Là aussi une propagande active servait à vanter les bienfaits de ce moyen novateur mais radical et difficile à tenir. À l’abstinence s’adjoignait la moralisation du buveur, afin de susciter en lui une attitude critique envers l’alcool et de le sensibiliser à l’aide divine. Enfin, la Croix-Bleue extrayait l’alcoolique de son milieu et l’intégrait dans un nouveau : soit dans le cadre des sections formant une nouvelle sociabilité, soit dans le cadre de l’asile. Le buveur était alors encadré et surveillé dans son abstinence. L’asile proposait en plus une alimentation régénératrice et tentait aussi de faire travailler les pensionnaires, car le travail était estimé pour ses vertus thérapeutiques physiques et morales. Mais ces mesures ne suffisaient pas toujours à relever des buveurs, la mission que la Croix-Bleue s’était fixée était ardue, la guérison définitive demeura toujours, dans les sections comme dans les asiles, l’exception et non la règle.
Toutefois, la Croix-Bleue fut la première association à parvenir à relever des buveurs. Ces exploits ouvrirent la voix au traitement des alcoolos-dépendants. De même, elle modifia la perception de l’alcoolisme. Elle introduisait de fait la notion médicale de l’alcoolisme, car le buveur était désormais curable. Notons toutefois que la conception de vice perdura aux côtés du concept médical au sein de la Croix-Bleue.
Grâce à la question du relèvement, nous avons aussi eu l’occasion d’aborder d’autres thématiques importantes en lien avec l’histoire de l’alcool. Nous avons notamment synthétisé plusieurs historiens en introduction pour bâtir une histoire de la consommation au XIXe siècle, en Suisse. Dans notre chapitre sur la propagande, nous avons analysé l’image du buveur en Suisse d’après les sociétés antialcooliques et d’après les milieux médicaux. La description du buveur et de ses maux rejoignait l’image que l’on pouvait trouver dans d’autres pays comme la France. En outre, elle était étroitement liée à d’autres questions sociales comme la question ouvrière et le problème de la dégénérescence. Enfin, grâce au chapitre sur l’asile de Béthesda, nous avons pu analyser l’alcoolisme féminin et traiter brièvement de la question de l’internement administratif des alcooliques. Ces différentes rubriques sociales, politiques, culturelles ou encore économiques attestent de l’intérêt historique de l’alcool. Comme l’affirment Juri Auderset et Peter Moser, auteurs du dernier ouvrage suisse en date sur le sujet, « l’alcool peut se concevoir comme une sonde analytique qui nous plonge dans les conditions sociales, économiques et politiques d’une société en constante mutation, tout autant qu’elle soulève des questions de pouvoir, de définition culturelle, de normalité sociale et de 1 déviance. »

1 AUDERSET Juri et MOSER Peter (dir.), Ivresse et ordre. Histoire illustrée de la question de l’alcool, de la politique suisse en matière d’alcool et de la Régie fédérale des alcools (1877-2015), Berne, Régie fédérale des alcools, 2016, p.208.

 

External ID
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