Genre. Histoire et droit

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Colloquio

Cette rencontre a pour ambition de stimuler la réflexion autour du genre comme objet et comme méthode dans la recherche juridique en langue française. Les Humanités et les SHS ont largement réinterprété leurs sujets au prisme du genre. Dans la recherche juridique toutefois, le genre comme objet et comme méthode demeure encore sous-employé. De 2011 à 2015, un programme de recherche sur genre et droit intitulé « Régine », porté par une équipe de chercheuses et chercheurs en droit positif, se proposait « d’ancrer la théorie féministe du droit dans le paysage de la recherche juridique française » et de « montrer que les inégalités de genre ne se donnent pas seulement à voir dans le droit mais sont également produites par le droit ». Toutefois ces projets ne contiennent quasiment aucune perspective historique. Quelques historiens et historiennes du droit se sont intéressé.e.s à la question des femmes (Demars-Sion, 1991), du mariage comme institution (Bontems (dir.), 2001), des sexualités (Royer et Poumarède, 1987 ; Boninchi, 2005), des violences conjugales (Vanneau, 2016), travaux qui alimentent les réflexions sur les rapports sociaux de sexe et sur la division sexuelle du droit. Néanmoins ces travaux s’inscrivent dans une perspective classique même si des travaux récents en histoire du droit portent directement sur le genre (Paturet, Wijffels, Duffuler-Vialle, 2015). Ce projet associe l’équipe HLJPGEnre, financée par l’Agence Nationale de la Recherche (France).

Or si les études de genre possèdent des limites qui ont depuis longtemps été mises en évidence, et dépassées par l’approche intersectionnelle, elles ont l’immense avantage de décentrer radicalement le regard et de rendre visible ce qui ne l’était pas auparavant. En effet, ces études montrent que derrière la neutralité et l’universalité du droit se dissimulent des représentations et des stéréotypes relatifs aux rapports sociaux de sexe et de sexualité et que le droit produit des différenciations et des discriminations de genre. Il nous semble donc essentiel, même si cette démarche est tardive, de participer à une relecture genrée de l’histoire du droit pour produire un autre récit que celui offert par la production tant pédagogique que scientifique dans notre discipline. L’objectif est donc d’ouvrir différents chantiers en espérant que les chercheurs et chercheuses s’y engouffrent. Dans cette optique, nous souhaiterions aborder la question des relations entre le genre et le droit dans une perspective très large, du point de vue thématique (genres féminin, masculin, transgenre, sexualités), temporel (du droit romain à la période contemporaine), géographique et juridique. La manière dont le droit appréhende le genre sera prise en compte de manière globale, qu’il s’agisse du processus de production de la norme, de son application, de sa sanction en cas de transgression, mais également des stratégies de réappropriation ou de contournement mises en place par les justiciables.

Les mouvements féministes ont largement œuvré pour l’émancipation. Si leur étude a suscité de très nombreux travaux, les associations composées uniquement ou en grande partie de femmes juristes et les engagements féministes des femmes juristes constituent encore un vide historiographique si l’on excepte quelques travaux. La puissance d’agir (agentivité/agency/empowerment) par le biais des tribunaux, d’institutions, de l’influence sociale ou politique, est alors en tension extrême avec la capacité juridique. Dans ce cadre, les logiques intersectionnelles peuvent être éclairantes : en effet, comment ne pas tenir compte dans l’analyse des stratégies émancipatrices, de la classe sociale, de la race — notamment en contexte colonial —, ou encore de l’âge, leviers qui peuvent se révéler plus puissants que les assignations de genre ?

Cette rencontre a pour ambition de stimuler la réflexion autour du genre comme objet et comme méthode dans la recherche juridique en langue française. Il s’agit d’un projet actuel et important cherchant à déconstruire la neutralité et l’universalité du droit derrière lesquelles se dissimulent des représentations et des stéréotypes relatifs aux rapports sociaux de sexe et de sexualité, qui produisent finalement des différenciations et des discriminations de genre.

Organizzato da
Loraine Chappuis, Marie Houllemare

Veranstaltungsort

Maison Rousseau et Littérature
Grand-Rue 40
1204 
Genève

Contatto

Loraine Chappuis

Lingua/e della manifestazione
Francese

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Informazioni sui costi

CHF 0.00

Inscrizione

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