Call for Papers – traverse 3 / 2020
La revue traverse souhaite publier un numéro thématique consacré à la mobilité quotidienne.
L’étude de la mobilité des individus, des marchandises et des objets va bien au-delà de l’observation des seuls phénomènes concernant les transports. Dans sa dimension quotidienne, la mobilité génère une culture matérielle. Elle comprend des aspects culturels, sociaux et économiques, elle produit des savoirs et des routines. Elle s’inscrit autant dans un environnement bâti que dans un paysage imaginé. Le concept de mobilité ne fait pas référence uniquement à des infrastructures, à des artefacts techniques, au volume du trafic, aux décisions politiques en matière de transports. Il s’agit plutôt de prendre en compte les enjeux socio-économiques et spatiaux des systèmes de transport et de mettre au centre des discussions les conditionnements culturels, ceux liés au genre, aux groupes sociaux et aux classes d’âge des pratiques de la mobilité. Essentiels pour l’analyse de la mobilité quotidienne sont aussi les „phénomènes du troisième type“ (Rudi Keller), qui permettent de comprendre comment la diversité des décisions individuelles dans des contextes spatiaux donnés converge vers une certaine direction, sans que cela ne soit pour autant le but d’une politique des transports ou le résultat d’une innovation technique. Ainsi, il n’est pas rare qu’une personne voulant avancer le plus rapidement possible sur la route principale se retrouve prise dans un embouteillage, car d’autres suivent le même but ; ou que se créent de nouvelles pistes, lorsque plusieurs personnes s’écartent d’un chemin.
La mobilité ainsi définie ne se limite évidemment pas à la période contemporaine. Grâce à des contributions portant sur le Moyen Age et sur l’époque moderne, nous souhaitons documenter des formes anciennes de mobilité, mettant ainsi en discussion, à travers des exemples, la thèse encore trop souvent répandue de l’immobilité des sociétés traditionnelles.
Le champ de recherche de la mobilité est inter- et transdisciplinaire. Les outils théoriques et méthodologiques sont empruntés à l’anthropologie, la géographie, l’écologie, la psychologie, la sociologie et la science des transports. La recherche historique en ce domaine se concentre à la fois sur le développement de mouvements individuels ou spécifiques à des groupes, ainsi que sur leurs enjeux. Le spectre de sources à disposition de l’historien est à la fois hétérogène et problématique, et s’étend des sources littéraires aux statistiques officielles. Leur dépouillement se fonde aussi bien sur les procédures de l’analyse discursive et les approches de l’histoire culturelle que sur les méthodes traditionnelles de l’histoire économique et sociale.
La recherche actuelle en sciences sociales est fortement marquée par le «New Mobilities Paradigm» (Urry, Sheller, Cresswell). Si nous nous associons à cette position, nous souhaitons également la discuter dans une perspective historiographique. C'est pourquoi nous demandons aux auteur-e-s d'expliciter les outils analytiques dont ils font usage.
Nous souhaitons exclure de ce cahier les noyaux thématiques concernant la migration, le tourisme ou encore les techniques de transport.
Quelques propositions de sujets:
. Des comptes-rendus de recherches ou de bibliographie concernant les « Mobilities studies » avec une attention particulière accordée à l’histoire
⋅ La consolidation du concept de mobilité
⋅ L’accessibilité des systèmes de transport / les changements de la mobilité conditionnés par des facteurs spatiaux, de genre, d’âge, sociaux ou culturels
⋅ Les savoirs concernant la mobilité
⋅ Des biographies de la mobilité
⋅ Des pratiques et des modèles de mobilité
⋅ Les discours sur la mobilité et le développement des transports
⋅ La mobilité comme utopie et comme dystopie
⋅ La durabilité des systèmes de mobilité
Nous invitons les personnes intéressées à envoyer leur proposition (max. 400 mots), leur CV et une liste de publications liées au sujet avant la fin du mois de février 2019 à Gianenrico Bernasconi (gianenrico.bernasconi@unine.ch), Ueli Haefeli (haefeli@interface-pol.ch) ou Hans-Ulrich Schiedt (hans-ulrich.schiedt@hist.unibe.ch).
Le délai pour la remise des contributions est fixé au 31 décembre 2019.
Pour les indications formelles et les consignes de rédaction, voir www.revue-traverse.ch.
Les articles feront l’objet d’une procédure d’évaluation par les pairs.