Les fanfares valaisannes au XXe siècle. Entre musique et politique

Nées en 1905 en raison des tensions politiques grandissantes entre radicaux et conservateurs, les fanfares politisées se retrouvent principalement dans une partie du Valais central et du Bas-Valais. Elles sont rattachées à deux Fédérations distinctes qui portent leurs couleurs politiques dans leur nom déjà. Traversant tout le XXe siècle, ces sociétés villageoises se développent dans des contextes locaux marqués par un bipartisme qui s’étend à tous les domaines de la vie sociale, économique et culturelle.Dans ce travail, nous proposons d’analyser les liens unissant les partis politiques et les fanfares politisées du Valais central ainsi que leur évolution au cours de ce XXe siècle. Ceslienssont étroits et se retrouvent à divers niveaux, tels que le recrutement de l’effectif et le financement. Ilstrouvent leur point culminant dans le Festival, journée de fête au mois de mai qui réunit en un seul lieu amateurs de musique et de politiquedans ce qui devient une tradition à laquelle on ne peut dérogeret qui s’apparente à un meetingpolitique d’une certaine ampleur.L’effritement progressif du bipartisme dû à l’apparition de nouveaux partis qui se font peu à peu leur place dans le paysage politique valaisan ainsi qu’une concurrence accrue d’autres offres de loisirs obligent les sociétés de musique à évoluer afin de rester vivantes. Avec la création d’écoles de musiques professionnalisées ainsi que l’apparition des brass bands dans les années 1970, le monde des fanfares bascule dans une logique de performance tout en tentant de conserver l’esprit de sociabilité qui a fait son succès à ses débuts. Au tournant du XXIe siècle, la fanfare politiséeapparaît cependant comme un loisir populaire traditionnelse rattachant à des structures obsolètes. Les générations venues à la musique par la politique ont bientôt disparu des rangs et les jeunes musiciens n’attachent que peu d’importance à l’aspect politique des fanfares.Cet héritage se retrouve cependant dans l’identité de ces sociétés qui s’appuient encore largement sur les partis, notamment au niveau financier. Alors que lescorps de musique sont sur la pente déclinante, la question de la fusion des sociétés villageoises commence à se poser, bien que de tels rapprochements ne semblent pas près de s’amorcer dans bon nombre de communes.