Dans ce mémoire, nous souhaitons présenter un des maillons de la chaîne de la politique culturelle suisse à travers la Conférence des Délégués aux Affaires culturelles de Suisse romande (CDAC). Cette conférence réunit les cantons romands, la partie francophone du canton de Berne et parfois le Tessin, dans le but d’organiser une gestion culturelle à l’échelle de la Suisse romande. Nous nous intéressons à la manière dont la CDAC façonne un espace culturel romand dans lequel, petit à petit, une professionnalisation des arts de la scène s’opère. Ce travail tente de décortiquer un système politique dans lequel la culture s’installe doucement, portée par les milieux culturels mais également par les cantons romands, décidés à collaborer sur le plan intercantonal. Dispositifs de soutien, formations, politiques d’encouragement, collaborations avec d’autres partenaires, tant de projets romands qui permettent de mettre en lumière aussi bien les accomplissements d’une conférence motivée et solidaire que les freins qui empêchent, encore aujourd’hui, la culture romande de rayonner.
A travers une recherche sur la politique culturelle de la CDAC de 1994 à 2020, ce travail tente de dresser un portrait de cette structure, d’analyser ses modes de fonctionnement, ses engagements, ses liens avec d’autres institutions culturelles, mais également les rapports entretenus avec les acteur·rice·s culturel·le·s. En portant un regard sur la contre-culture des années post-68, nous explorons ce qui a amené les politiques de l’époque à repenser leur politique culturelle, à faire des premiers pas vers une démocratisation de la culture et vers une convergence des politiques culturelles cantonales.
Ce travail dresse d’une part le portrait d’une conférence dans sa structure externe et interne, mais également l’évolution de ses deux plus grands projets : la création d’un espace culturel romand et la professionnalisation des arts de la scène. Entre théorie et pratique, identité et territoire, rêves et désillusions, concrétisation et frustration, nous nous plongeons dans les mécanismes d’une CDAC qui se débat dans un pays fédéraliste où la culture n’est pas synonyme de priorité.