Editeurs scientifiques: la résistance s'organise en Californie

La crise a éclaté lors des négociations entre l'université de Californie (UC) et le Nature Publishing Group (NPG) pour l'achat des revues scientifiques pour l'année 2011. Nature, éditeur de 67 revues scientifiques de première importance, a annoncé une augmentation de ses prix de l'ordre de 7% et la réduction des rabais accordés à l'UC. Pour l'université de Californie, l'augmentation représente une somme trop importante en période de récession des budgets. Elle dénonce la politique commerciale de l'éditeur, à qui elle reproche de surévaluer ses prix au-delà de l'acceptable et d'utiliser les soi-disant rabais accordés aux universités comme une arme de pression. L'UC a envoyé le 4 juin 2010 une lettre à PNG dans laquelle elle menace de procéder à un boycott total si l'éditeur ne revient pas sur l'augmentation de ses prix. L'UC menace de pousser ses chercheurs à ne plus soumettre d'article aux revues de Nature, à quitter ses comités de lecture et ses conseils éditoriaux, et à ne plus transmettre ses annonces d'emploi. Elle fait ainsi levier sur le rôle que jouent les chercheurs des universités dans le processus de production des revues scientifiques, non seulement en fournissant des contenus, mais aussi dans le choix des lignes éditoriales et le contrôle de qualité des articles publiés. L'affaire n'est pas résolue, mais elle a déjà fait le tour des grandes bibliothèques et suscité de nombreuses réactions de solidarité avec l'UC. Pascalia Boutscouci, responsable des achats de contenus numériques pour les bibliothèques de Suisse, nous confiait dans un interview ses difficultés à obtenir des prix qui soient "acceptables" auprès des grands éditeurs. Peut-être le moment est-il venu de déterrer la hache de guerre ?