Exil. Asile. Diaspora. Le rôle de la Suisse au 20ème siècle. Conférence de mise en réseaux à l’Université de Berne

Les études sur l’exil se sont développées durant les années 1970 et elles se sont institutionnalisées en Allemagne et en Autriche avec le concours des bibliothèques, des centres de recherche, des chaires universitaires, des associations thématiques et des revues scientifiques. Depuis des années, elles se mettent au défi d’une histoire de la migration plus vaste en ce qui concerne la méthodologie employée et l’espace étudié. Les études sur l’exil font également partie des programmes de recherche et d’études dans beaucoup d’universités anglo-saxonnes (en tant que studies of displacement ou refugee studies par exemple). Au final, elles ont rencontré un écho dans la plupart des pays qui ont servi de pays d’accueil pour les réfugiés du nazisme entre 1933 et 1945. La Suisse présente une exception. Bien que des chercheuses/chercheurs ont étudié des moments précis et importants de l’histoire de l’exil (et le font encore), et, malgré un réseau étroit d’archives en mesure de documenter refuge et accueil, les études sur l’exil restent encore fragmentées. Les recherches de la Commission Indépendante d’Experts Suisse – Seconde Guerre Mondiale ont permis la réalisation de travaux importants sur l’accueil des réfugiés en Suisse depuis les années 1990. Or, jusqu’à présent, les résultats de telles recherches n’ont pas été intégrés dans une histoire vaste de l’asile politique en Suisse. Cette fragmentation est encore plus frappante en ce qui concerne l’histoire de l’après-guerre. Pour les recherches juridico- politico-sociales sur la migration, il est très difficile d’incorporer la dimension historique de l’exil et de l’asile et de produire une histoire plus globale de « l’âge des extrêmes » (Hobsbawm). La conférence a pour but de présenter des travaux en cours sur l’exil et l’asile dans l’optique d’une mise en réseau et de la création de synergies. Elle veut faire le point sur la recherche historique sur l’exil, l’asile et la diaspora en Suisse et sonder le potentiel d’une collaboration interdisciplinaire entre les sciences sociales, historiques, littéraires, les cultural et migration studies et les études genre. La conférence a pour cible d’éclairer d’une manière critique le rôle de la Suisse comme lieu de refuge pluriculturel pour des persécuté(e)s et des victimes de guerre, de menace armée, de terreur et d’oppression au 20ième siècle. La Suisse comme pays d’accueil et lieu de rencontre entre les gens « d’ici » et les réfugiés de « là bas » ainsi que son rôle d’intermédiaire dans des réseaux de l’exil transnationaux de communication et de coopération sont au centre du débat. Il s’agit d’étudier les conditions, pratiques et lieux de rencontre, les images réciproques de soi-même et de « l’autre », des tentatives d’entraide des réfugiés et l’effort humanitaire suisse ainsi que des rôles des mouvements et associations solidaires. Nous discuterons également des concepts et des méthodologies en vue d’un élargissement des études sur l’exil focalisées sur la période du nazisme à une histoire de l’exil et de l’asile au 20ième siècle. De tels débats sont censés de se nourrir des discussions internationales tout en ayant en vue la situation spécifique de la Suisse. La conférence associe des présentations invitées et celles qui ressortent de ce Call for Papers. Nous invitons en particulier des chercheuses et chercheures de la relève académique en sciences historiques, sociales, études sur le genre, cultural et migration studies à présenter des projets en cours. Voici une série de thèmes qui pourraient être au centre des exposés :

• Lieux, actrices et acteurs et chemins de l’exil/asile/diaspora vers la/en Suisse
• Zones de contacts, lieux et pratiques de rencontre
• La Suisse comme lieu d’accueil de l’émigration scientifique entre 1933 et 1945 et au delà
• Constructions de soi et de « l’autre » dans le contexte de la migration forcée
• Moments et personnes clés (ainsi que les voix critiques) de la politique d’asile dite de « frontière ouverte » après 1945, et particulièrement de son rapport avec la « Guerre froide »
• Expériences et trajectoires d’exil/asile/diaspora genrés
• Perspectives épistémologiques et historiographiques des notions clés de la sémantique politique du 20ième siècle.