En voyant arriver tôt ce matin à Sion une trentaine de participants venus de tous les coins de Suisse avec sacs et valises, je me dis qu’il faut une belle générosité pour participer à un Mix’n’Hack. Le Mix’n’Hack, c’est la version 2019 du Cultural Data Hackathon organisé chaque année en Suisse depuis 2015 par OpenGLAM, et qui se tient cette année à Sion, en collaboration avec l’association MuseoMix - d’où le nom cryptique de l’évènement: Mix’n’Hack (Museomix + Hackathon).
Dans leurs valises - en plus de la brosse à dent et des habits nécessaires pour passer le week-end à l’auberge de jeunesse de Sion - certains ont apporté des équipements techniques, notamment des casques de réalité virtuelle. Au début, personne ou presque ne se connaît. On s’assoit. On écoute les directeurs des institutions patrimoniales valaisannes nous présenter les données qu’ils ont mis à disposition pour l’occasion.
Des photographies du début du siècle prises par un cafetier de Sion, Charles Rieder. Une série de 4000 cartes postales du Valais entre 1890 et 1950. Une série de documents (en deux parties) sur la catastrophe du Gietro. Ou encore une autre avalanche, de métadonnées cette fois-ci, issues des inventaires des archives du Valais ou de la Médiathèque. Pour ceux qui en veulent plus, une liste de jeux de données est disponible sur la plateforme OpenData.swiss.
Puis on se lève et on joue aux chaises musicales. Lorsque la musique s’arrête, on se présente à la personne en face de soi. C’est le moyen de briser la glace, explique l’un des trois « facilitateurs » chargés de veiller au bon déroulement de l’évènement. Après ce premier rituel, on choisit un rôle. Chaque personne sera le temps d’un week-end soit un développeur, soit un communiquant, soit un « maker », soit un expert contenu, soit un designer.
Puis on entame en tour de salle pour discuter des différents jeux de données. Chacun griffonne ses idées sur des post-it qu’il colle sur la table avant de passer à la suivante. Après quelques minutes, les tables sont couvertes de papiers colorés. Combiner des images et des sons, enrichir des données, placer des documents sur une carte, créer de nouvelles interfaces, ou créer une espace virtuel pour consulter les documents - voici certaines des idées. Des photos de cet étrange rituel sont disponibles en ligne.
La discussion collective qui s’en suit débouche sur la création des groupes de travail. Ce sera trois groupes de 6 personnes. Encore une minute et voici le programme du week-end.
Back to the greek universe
Ce groupe modélisera en trois dimension le concept du cosmos de la Grèce antique, tel qu’il a été pensé par Ptolémée et décrit en grec et en latin dans des ouvrages du 16e siècle.
Co-Vi-Mas
Le projet va tenter de créer un espace de réalité virtuelle où plusieurs personnes pourront de façon simultanée se déplacer et regarder des anciennes photos et des cartes postales du Valais.
Time Gazers
Le projet veut développer un photomaton doublé d’une machine à voyager dans le temps. Une sorte de machine à sefie quantique. Insérer sa photo dans un document historique pour envoyer une carte postale du passé.
Opera Tinder
Trouver l’âme soeur, non pas en faisant défiler des photos de profils, mais swipant sur nos airs d’opéras préférés, à la recherche de quelqu’un qui partage nos goûts musicaux - ou de l'air d'opéra de notre vie.
Voici pour le programme. Une remarque encore sur la générosité des organisatrices, organisateurs, participantes et participants. Se lancer - bénévolement - dans une aventure d’un week-end, à la rencontre des autres et avec le défi d’essayer de produire quelque chose avec des données culturelles - voilà qui est déjà une belle preuve d’engagement.