Le réseau transatlantique de l'éditeur américain Condé Montrose Nast, entre collaborations et concurrences 1909-1925

AutorIn Name
Emmanuelle
Paccaud
Academic writing genre
PhD thesis
Status
laufend/en cours
DozentIn Name
Prof.
François
Vallotton
Place
Lausanne
Year
2024/2025
Abstract
En 1909, Condé M. Nast rachète la gazette mondaine Vogue, créée en 1892 par un membre de la haute société new-yorkaise. Il en fait un magazine de luxe, façonné selon les principes d’une « presse de classe ». Volontairement élitiste et ciblant un public cosmopolite, Vogue fait de la mode parisienne son atout principal. Avant de décliner les premières versions européennes du magazine, Nast collabore avec des éditeurs esthètes européens et s’entoure d’un réseau transatlantique. Tandis que les stratégies éditoriales sont mises en place par et pour des Américains, l’éditeur francophile embauche des collaborateurs souvent basés à Paris pour le département artistique de Vogue : ils font concorder son identité visuelle avec des tendances inédites de l’art pictural. Si d’autres magazines sont ensuite rachetés par Nast (Vanity Fair en 1913), Vogue illustre en premier un moment charnière pour la presse illustrée et de mode : avec l’émergence d’une culture visuelle aux Etats-Unis, le magazine évolue d’un symbole de frivolité mondaine à une icône médiatique. Fruit d’une économie capitaliste florissante, Vogue se nourrit à la fois d’une culture européenne et des aspirations de l’élite américaine, en misant sur sa vanité assumée. Ainsi apparaît en filigrane le défi de Nast : la conciliation d’un héritage artistique et moderne européen avec l’expansion d’une nouvelle classe américaine. Cette thèse se propose d’analyser les réseaux, les collaborations et les rapports d’influence qui, non sans concurrence et malgré une amitié franco-américaine parfois fragile, ont gravité autour de ce projet éditorial, à partir de 1909 jusqu’au milieu des années 1920. Nous interrogerons ainsi les lieux de rencontre (Expositions Universelles notamment) et les « passeurs » qui ont marqué les stratégies d’un futur empire éditorial. A travers des figures connexes à divers domaines (édition, haute couture, spectacle, illustration, photographie), nous observerons les tensions émanant d’un côté de la recherche de l’unique et du prestigieux, de l’autre côté des règles de l’économie capitaliste et de la visée d’un public plus large. Dans une perspective historique transnationale, la consultation de magazines issus des deux côtés de l’Atlantique permettra de questionner le rôle de l’éditeur dans ce mouvement de circulation culturelle franco-américaine.