Inervenant: Alain Cabantous, professeur émérite d’histoire moderne à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne
Du début du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, la nuit blanche, ce temps de veille qui s’oppose au noir du temps nocturne, recouvre bien des aspects contradictoires.
Chacun sait ce qu’est une nuit blanche ne serait-ce que pour l’avoir expérimentée. Cette longue insomnie nocturne se décline pourtant selon plusieurs acceptions : individuelle ou collective, subie ou provoquée.
Ainsi, les insomniaques chroniques ou occasionnels, les gens au travail mais aussi celles et ceux que des événements souvent tragiques (guerres, émeutes) contraignent à de longues veilles ne serait-ce que pour se protéger. Inversement, d’autres choisissent consciemment le temps nocturne pour vivre une forme de transgression selon leur guise.
La nuit blanche, à travers ses divers aspects, est donc une autre façon, le plus souvent exceptionnelle, de s’inscrire dans l’espace-temps nocturne. Par là, de se distinguer, librement ou contraint, de la grande majorité de la population qui peut cependant s’en emparer au moins une fois l’an à l’occasion d’une fête éponyme aux parcours luminescents bien balisés.