Richard Coudenhove-Kalergi et ses correspondants : Chroniques de l’échec d’un européiste en quête de reconnaissance (1946-1949)

Le comte Richard Coudenhove-Kalergi a marqué de son emprunte la mouvance européiste de l’entre-deux-guerres. Fondateur et président emblématique de l’Union paneuropéenne, il a su convaincre les milieux intellectuels, artistiques et politiques et s’assurer des meilleurs soutiens. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, son combat demeure inchangé. En juillet 1947, il fonde l’Union parlementaire européenne (UPE), qui se donne pour mission première la convocation prochaine d’une Assemblée constituante européenne. Jamais pourtant le Paneuropéen ne parviendra à recouvrer son influence passée et à s’imposer durablement sur la scène européiste du second après-guerre. La contribution de Coudenhove aux débats qui ont menés à la constitution de la première organisation européenne, le Conseil de l’Europe, n’est cependant plus à prouver. Le présent travail entend dès lors rechercher les causes de cet échec dans l’étude de son réseau, à travers sa riche correspondance entretenue entre 1946 et 1949. En juin 1946, après six années d’exil aux Etats-Unis, Coudenhove retrouve l’Europe. Très vite, ses ambitions se heurteront aux véritables luttes de pouvoir et d’influence qu’il développe avec ses partenaires européistes. Grâce à la création de l’UPE, Coudenhove parvient toutefois à définir sa place sur la scène militante européenne et obtient même une position clé. Grâce aux parlementaires, il étoffe son réseau et l’étend sur tout le contient. Après l’organisation du premier Congrès parlementaire européen en septembre 1947, l’UPE s’affirme en tant que force politique. Fort de ses succès et peu enclin à collaborer avec les autres mouvements oeuvrant dans un but similaire au sien, Coudenhove privilégie une action indépendante. Les conséquences de ce choix ne tarderont pas à éclater au grand jour. Alors que les principaux mouvements entreprennent de coordonner leurs actions et s’organisent pour constituer, plus tard, le Mouvement européen, Coudenhove et « son » UPE seront bientôt isolés et relayés à un rôle secondaire. En outre, l’harmonie affichée par l’UPE sera de courte durée. Les motifs de discorde se multiplient entre le comte et ses partenaires, jusqu’à provoquer le démantèlement progressif de l’organisation parlementaire. Le 10 août 1949, l’Assemblée consultative de l’Europe tient sa première session à Strasbourg. Les festivités encadrant l’inauguration de ce premier parlement européen donneront à Coudenhove l’occasion de prendre toute la mesure de sa perte d’influence.