Type de travail
Thèse
Statut
abgeschlossen/terminé
Nom du professeur
Prof.
Sandrine
Kott
Institution
Histoire contemporaine
Lieu
Genève
Année
2011/2012
Abstract
En Allemagne comme en République tchèque, les anciens partis communistes au pouvoir (SED, Sozialistische Einheitspartei Deutschlands ou Parti socialiste unifié d’Allemagne, et KSČ, Komunistická strana Československa ou Parti communiste de Tchécoslovaquie) sont des enjeux de mémoires importants. Pourtant, malgré l’ouverture des archives et le développement de l’histoire sociale de la période communiste, ils restent des objets peu étudiés. Ils sont le plus souvent envisagés sous l’angle institutionnel, ce qui a pour effet de réduire leur histoire à la prise du pouvoir et à l’établissement des structures considérées comme figées jusqu’à la fin du régime. Le premier apport de mon travail est au contraire de réintroduire à la fois du social et de l’historicité dans l’étude de ces partis, c’est-à-dire de les envisager comme des organisations sociales en évolution, en se demandant non seulement comment ils sont arrivés au pouvoir, mais aussi comment ils ont fait pour durer et sur quels processus sociaux cette longévité s’est appuyée : au début de la période, ils sont des vecteurs de transformation sociales, des organisations extérieures à la société qu’ils dominent, avec un recrutement ouvrier majoritaire ; à la fin de cette période, les partis communistes reproduisent et entretiennent au contraire l’ordre social dominant. De partis de la révolution, ils sont devenus des partis de l’establishment. Le deuxième apport de mon travail est sa dimension comparative. La comparaison entre deux pays du bloc, qui entretiennent en outre de nombreuses relations, permet de mesurer à l’échelle la plus fine le degré d’uniformité entre pays du bloc, la centralité du modèle soviétique et la réalité des réappropriations nationales. En s’appuyant dès 1945 sur la légitimité nationale et sur l’appareil d’Etat existant, le KSČ profite de ressources extérieures au répertoire communiste traditionnel, une ambiguïté qui apparaîtra clairement en 1968 ; au contraire, le SED s’impose dès 1945 comme l’organisation centrale autour de laquelle se réorganise la société d’après-guerre. Il en résulte une société davantage centrée autour du parti et de son appareil en RDA qu’en Tchécoslovaquie. Le rapport à la nation et à l’Etat, très différent en Tchécoslovaquie et en RDA, a donc produit dans la durée des manières de s’identifier et d’agir dans le parti sensiblement différente entre les deux pays. Je privilégierai le plan chronologique, qui se justifie par sa capacité à rendre compte des différentes évolutions que connaissent ces partis, derrière l’apparence de l’immobilité institutionnelle, en distinguant trois périodes principales : - 1945-1961 : en 1945-46, KSČ et SED entre sur la scène politique comme partis de masse et comme partis d’Etat ; la construction du mur en 1961 et l’adoption d’une nouvelle constitution en Tchécoslovaquie en 1961, coïncident avec une stabilisation des pratiques et un renouvellement générationnel qui transforment profondément le parti - 1961-1970 : les années 1960 sont des années de stabilisation et de routinisation, mais aussi de changements et de réformes dans et hors du parti, avec des conséquences différentes pour le KSČ et pour le SED ; - 1970-1989 : 1970 marque la fin de ces réformes, mais correspond aussi à l’arrivée à l’âge adulte de la première génération intégralement socialisée sous le régime socialiste : sous l’apparente immobilité des institutions, de nouvelles générations sont intégrées dans le parti et ce dernier est devenu une instance socialisation.
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