Maurice Zermatten, itinéraire d’un intellectuel catholique valaisan (1926-1971)

Cette étude, portant sur les écrivains catholiques, s’inscrit dans le champ de l’histoire des intellectuels. La problématique de ce travail s’oriente, plus précisément, autour de l’identité catholique de l’écrivain valaisan Maurice Zermatten. Ce mémoire examine l’influence de la religion sur le parcours de Zermatten, de 1926, date de son entrée à l’École normale, à 1971, date à laquelle sa présidence de la Société des écrivains suisses prend fin. Cette recherche s’appuie notamment sur les concepts de champ littéraire, de réseau et de sociabilité intellectuelle. Ce mémoire est basé sur l’analyse de correspondances, qui permettent d’étudier les milieux fréquentés par l’homme de lettres valaisan, de la presse, qui nous renseigne sur la réception des romans de Zermatten et sur ses opinions à propos de sujets variés, et d’une partie des écrits de l’auteur valaisan, notamment des romans et des conférences, qui nous informent sur ses prises de position. Afin de présenter la construction de la carrière de Zermatten, ce travail suit un plan chronologique en trois parties. La première s’étend de 1926 à 1943 et aborde les stratégies utilisées par Zermatten pour percer dans le champ littéraire suisse. La mise en place, par l’écrivain valaisan, de réseaux avec des personnes et des institutions catholiques y est révélée. Nous montrons, ainsi, comment Zermatten s’appuie, au début de sa carrière, sur une maison d’édition catholique, la LUF, et sur des critiques et des écrivains catholiques pour diffuser son œuvre. La deuxième partie concerne la période allant de 1944 à 1959, durant laquelle Zermatten affirme son influence sur le champ littéraire suisse et tente de consolider sa notoriété hors des frontières. La position dominante occupée par Zermatten dans le champ littéraire suisse, des années 1950 à 1970 environ, est illustrée par sa participation à différents jurys et sociétés littéraires et par les distinctions littéraires qu’il obtient à la fin des années 1950. L’analyse de la réception des romans de Zermatten en Belgique et en France confirme l’utilisation de réseaux internationaux par les écrivains catholiques. Zermatten noue également des relations à l’étranger grâce à son implication dans les tentatives de remise d’un Prix Nobel de littérature à son maître, Gonzague de Reynold. La troisième partie, couvrant la période de 1960 à 1971, présente l’engagement de Zermatten pour le métier d’écrivain en Suisse romande et pour une religion plus traditionnelle. L’auteur valaisan émet des critiques envers le Concile du Vatican II, validant ainsi l’hypothèse selon laquelle la reconnaissance littéraire acquise par un écrivain catholique réduit sa soumission à l’Église.