Le hasard et le cas: quelques réflexions rétrospectives

Conférence de Carlo Ginzburg (UCLA) Historien de réputation internationale, Carlo Ginzburg est né à Turin en 1939. Il est le fils de la romancière italienne Natalia Ginzburg et du journaliste et résistant anti-fasciste Leone Ginzburg, mort en prison à Rome, après avoir été arrêté et torturé par les nazis, en février 1944. Carlo Ginzburg est connu pour ses nombreux essais, réunis notamment dans Mythes, emblèmes et traces. Morphologie et histoire (Paris, Flammarion, 1989), À distance. Neuf essais sur le point de vue en histoire (Paris, Gallimard, 2001) et Le fil et les traces : vrai faux fictif (Lagrasse, Verdier, 2010), portent aussi bien sur l’histoire intellectuelle de l’Europe que sur la littérature, sur l’histoire de l’art, ou sur des problèmes méthodologiques et historiographiques. Ses travaux sur les procès de sorcellerie à la Renaissance et l’époque moderne, marqués par une approche « micro-historique » (Les batailles nocturnes. Sorcellerie et rituels agraires en Frioul, xvie-xviie siècles, Lagrasse, Verdier, 1980 ; Le fromage et les vers. L’univers d’un meunier frioulan du xvie siècle, Paris, Aubier, 1980 ; Le sabbat des sorcières, Paris, Gallimard, 1992) ont largement contribué à renouveler la recherche dans ce domaine. Carlo Ginzburg a enseigné à l’Université de Bologne, à l’Université de Californie, Los Angeles, et à l’École normale supérieure de Pise. Depuis 40 ans Carlo Ginzburg n’a cessé de s’interroger sur le rôle de l’histoire. Ses travaux, tant sur la sorcellerie que sur l’histoire culturelle et intellectuelle de l’Europe que sur l’histoire de l’art et les enjeux de la démarche historique, ont marqué des générations d’historiens. Les réflexions épistémologiques qui traversent son oeuvre nous poussent à repenser ce qui constitue un témoignage, nous invitent à rechercher ces voix et les idées ténues, enfouies derrière les documents, et nous font ressentir les soubresauts, les tensions entre norme et anomalie qui font la matière de l’Histoire. Intellectuel engagé, son regard sur le passé n’esquive pas les débats du présent. Il nous invite aujourd’hui à réfléchir sur hasard et le cas.