Grâce aux joies de la serendipité, je suis tombé l'autre jour sur un article au nom aussi obscur que prometteur:
Matteo Pasquinelli, Google's PageRank Algorithm: A Diagram of the Cognitive Capitalism and the Rentier of the Common Intellect, 2009. (PDF - IT; EN)
Après lecture, il apparaît que l'article est une analyse d'un des méchanismes centraux de PangeRank, l'algorithme de recherche Google : le principe de citation.
Inspiré du système de citation académique, PangeRank admet que plus un article/page est citée/linké, plus celui-ci possède d'autorité. On présume, à juste titre, que plus sont nombreux les lecteurs/utilisateurs qui ont jugé pertinent de renvoyer vers un article/page, plus celui-ci doit être intéressant. L'examen combiné de plusieurs intelligences crée l'autorité de la ressource.
C'est là le principe même de l'intelligence collective, terme aujourd'hui célébré de toute part. L'intelligence collective - ou "surplus network value", dans les termes de l'auteur - serait l'objet même de l'accumulation capitaliste dans la nouvelle "knowledge economy". Google exploite de façon hégémonique la valeur immatérielle des liens établis par les utilisateurs et les transforme ensuite en valeur monétaire via la publicité contextuelle.
"Every time we write a link, or even click on one, we are feeding our intelligence into Google's system. We are making the machine a little smarter, and Brin, Page, and all of Google's shareholders a little richer." (Nicolas Carr, The Big Switch, 2008.)
L'auteur, Matteo Pasquinelli, fait partie d'un courant de pensée "critique" - avec notamment Carlo Vercellone en Italie, Yann Moulier Boutang en France ou Geert Lovink aux Pays-Bas - qui développe un cadre conceptuel - en ré-interprétant certains textes de Marx - pour analyser les évolutions économiques et sociales induites par le web et les nouvelles technologies de communication.