Document déclassé: Un rapport américain révèle les coulisses de l'affaire des fonds juifs.

Cette fois ce n'est pas Wikileaks, mais le New York Times et le National Security Archive qui ont publié l'affaire: Un rapport secret du Justice Department américain qui révèle, entre autres, la succession d'évènements qui ont abouti à la crise des fonds juifs entre la Suisse et l'Amérique en 1997. A ma connaissance, aucun média suisse n'a repris la nouvelle. Rédigé par l'Office of Special Investigation, une section du Ministère de la Justice des Etats-Unis créée en 1979 pour extrader d'anciens nazis, le rapport de 600 pages intitulé "Striving for accountability in the aftermath of the Holocaust" analyse la politique américaine à l'égard des nazis à la fin de la guerre. Il révèle notamment le rôle, en partie déjà connu (Voir Operation Paperclip), de la C.I.A. dans l'exfiltration d'ancien ingénieurs nazis mis au service du Pentagone, mais aussi des faits nouveaux concernant la question des fonds juifs en déshérence dans les banques suisses. On y apprend notamment (p. 407) qu'en 1995, l'ouverture des archives de la Stasi a révélé les dossiers de 13'000 juifs de Hongrie ayant ouvert des comptes bancaires en Suisse avant leur déportation, ce qui a mené a une ré-évaluation à la hausse des fonds juifs en déshérence en Suisse. On y lit aussi (p. 410) que "des bijoux confisqués à des juifs étaient régulièrement transférés en Suisse par le Reich dans des valises diplomatiques (sans être refondus ou altérés). Ils étaient ensuite récupérés par un agent allemand et échangés contre des diamants industriels, indispensables à l'effort de guerre". Le document détaille surtout (pp. 410-415) les nombreuses tractations internes à l'administration américaine qui ont accompagné la préparation et la publication en mai 1997 du rapport Eizenstat qui déclencha la crise des fonds juifs en déshérence. L'affaire des fonds en déshérence fut un véritable tremblement de terre pour l'historiographie nationale suisse. Rétrospectivement, elle a aussi contribué de façon importante au renouvellement des problématiques en histoire nationale. Dix ans après que les portes des archives se soient refermées derrière les historiens de la Commission Indépendante d'Experts, leurs travaux, intégralement publiés en ligne, sont peu exploités par les historiens. Et lorsqu'un nouveau document est publié sur le sujet, c'est La Repubblica qui nous l'apprend !