L’antiféminisme est un contre-mouvement dont les idées ont circulé au fur et à mesure que les femmes réclamaient leur émancipation. Dès le milieu du 19e siècle, les antiféministes refusent aux femmes leur droit à l’éducation et au travail, puis à l’autonomie civile et politique, au nom de la différence naturelle des sexes et de la tradition. Prônant une société fondée sur des hiérarchies considérées comme «naturelles», le discours antiféministe est une des composantes clés et continuelle des sociétés organisées sur un modèle patriarcal. L’antiféminisme n’est toutefois pas homogène : il s’agit d’un phénomène global, qui s’adapte aux cadres nationaux et varie d’intensité en fonction des contextes historiques, si bien qu’il est plus juste de parler des antiféminismes pour souligner la diversité de ses protagonistes, organisations et modes d’action et, en fin de compte, questionner la relation complexe entre les positions antiféministes et féministes. Les recherches actuelles soulignent l’adaptation de l’antiféminisme au monde contemporain. Ainsi, à l’antiféminisme centré sur la lutte contre la présence des femmes dans l’espace politique et public, se sont ajoutées de nouvelles formes d’antiféminisme, visant notamment la défense de la famille hétérosexuelle.
Face à cette capacité de changement et à la diversité du phénomène, le numéro cherche des contributions qui examinent les antiféminismes sous différentes perspectives pour amener des éclairages variés. Si l’antiféminisme à proprement parler se situe essentiellement dans la période contemporaine (long 19e siècle – 21e siècle), les propositions portant sur des manifestations misogynes prenant place dans des périodes antérieures, et pouvant ainsi être considérées comme des mouvements précurseurs de l’antiféminisme, sont également bienvenues. Il en va de même pour les contributions conceptuelles qui s'intéressent aux questions de définition et s'interrogent sur les différences et les points communs entre l'antiféminisme, la misogynie et le sexisme.
Les thèmes suivants pourront être abordés:
- intersectionnalité des haines: convergences entre antiféminisme, antisémitisme et racisme
- circulation transnationale des idées, protagonistes et pratiques antiféministes
- la « théorie du genre » comme nouvelle cible de l’antiféminisme
- lesbophobie et homophobie
- mouvements de backlash face aux réformes en faveur de l’égalité de genre
- antiféminisme et nouvelle droite
- déploiement de l’antiféminisme dans la presse et en ligne
- mouvements masculinistes
- antiféminisme et religion
Les contributions sur le thème des «Antiféminismes» seront publiées dans le numéro 3/2025 de traverse. Les textes comporteront au maximum 30’000 signes (espaces compris) et seront évalués par les pairs (double blind). Vous trouverez toutes les informations sur les formalités ainsi que la feuille de style sur le site de traverse.
Nous prions les chercheurs et chercheuses intéressé·e·s d’envoyer un abstract (environ 600 mots) et un bref CV jusqu’au 15 avril 2024 à Stéphanie Ginalski (stephanie.ginalski@unil.ch), Pauline Milani (pauline.milani@unifr.ch) ou Matthias Ruoss (matthias.ruoss@unifr.ch). Les auteur·ice·s seront informé·e·s de la décision des éditeur·ice·s de la revue au plus tard le 15 mai 2024. La date limite pour la soumission des articles est le 15 décembre 2024.