Appel à communication
Call for papers – traverse 3 / 2023
Alexandra Binnenkade, Christina Späti, Tina Asmussen, Matthieu Gillabert, Yan Schubert
Objets, choses et artefacts sont collectionnés, exposés et admirés, mais aussi combattus, éliminés ou mutilés. La matérialité de l'histoire est à la fois tangible, polysémique et embrouillée : elle est inextrica- blement liée à des discours de domination politique, à des pratiques culturelles et à des systèmes de valeurs sociales en mutation constante et souvent inattendue. Des événements récents - tels que le renversement de la statue du marchand d'esclaves britannique Edward Colston à Bristol, la dégradation des statues de Christophe Colomb à Miami, à Boston ou en Virginie, ou le changement de nom de la place devant la Faculté des sciences humaines de l'Université de Neuchâtel de Louis Agassiz à Tilo Frey ont montré que la relation complexe entre l'histoire, la matérialité et le public était particulièrement explosive. Ce numéro thématique de traverse (peer-reviewed) explore les relations multiples entre l’his- toire et les traces matérielles, en mettant l'accent sur les approches, les méthodes et les débats dans le contexte de la public history.
La public history est actuellement un domaine particulièrement innovant et dynamique : sur le plan du contenu et de la méthodologie, de nouvelles approches sont à la fois testées et développées pour ex- plorer et communiquer la manière dont diverses communautés de mémoire traitent leur passé, leur présent et leur avenir. Lorsqu'il s'agit en particulier de confrontations sociales avec une violence trau- matisante – au niveau international, par exemple, à la suite de génocides, de guerres, de dictatures ou du racisme ; en Suisse, par exemple, à la suite des internements administratifs –, un travail compétent d’historien·ne·s ainsi qu'une communication accessible et compréhensible sont hautement pertinents pour la société. Aujourd'hui, ceux et celles qui étudient la public history se préparent à une profession dans le domaine de la médiation et du transfert de la recherche historique : dans les musées, les sites commémoratifs, le secteur du tourisme et d'autres institutions éducatives publiques et privées ayant un lien avec l'histoire. En raison de l'actuel «boom de la mémoire» et également dans le contexte des mouvements sociaux (par exemple, le mouvement féministe, le mouvement écologiste, Black Lives Mat- ter), l'intérêt pour l'appropriation, l'interprétation et le transfert de l'histoire s'est accru tant au niveau national qu'international. Elle a notamment conduit des acteurs et des institutions privés et publics, dans le contexte universitaire et en dehors, à investir dans des projets de diffusion et à élargir les offres existantes.
Contrairement à l'importance internationale croissante de la public history, celle-ci n'est que très peu institutionnalisée dans la recherche et dans l'enseignement au sein des universités et hautes écoles pédagogiques suisses. Ce numéro thématique sur la public history permet de mettre en évidence la présence de ce domaine de recherche en Suisse et au-delà. Le numéro explore l'importance de la ma- térialité dans la public history avec des contributions qui se concentrent à la fois sur la méthodologie et le contenu. Sur la base d'un objet, d'une chose ou d'une essence, les auteurs et autrices présenteront les différentes méthodes utilisées par les praticien·ne·s de la public history. Ils aborderont en particulier les concepts de matérialité et d’immatérialité, ainsi que les pratiques et les discours qui en découlent.
Sujets possibles :
• Réflexions théoriques et méthodologiques sur la public history et la matérialité : quelle contri- bution l'attention portée aux choses et à la matérialité peut-elle apporter à l'analyse de la pro- duction de connaissances historiographiques ?
• Médias, technologies et mises en scène : quels moyens, technologies et pratiques les histo- rien·ne·s utilisent-ils pour faire fonctionner les choses, les objets ou les lieux ?
• Stratégies de narrativisation et production de connaissances : quelle est la relation entre la matérialité et la narration dans les musées, les mémoriaux et autres lieux consacrés à l’histoire publique ?
• Acteurs et agentivité : non seulement les acteurs, le public, mais aussi les objets, l’espace qui les entoure et leurs propriétés matérielles sont lus et écrits en relation avec la race, le genre, la classe. Existe-t-il des projets de recherche ou des expositions qui reflètent les effets de ces catégories ? Dans quelle mesure les éléments matériels peuvent-ils contribuer à rendre visibles dans l'espace public des groupes socialement marginalisés ?
• La public history dans le contexte de l'activisme politique, de la culture de protestation et des mouvements sociaux : quel rôle joue la matérialité dans les pratiques de la public history qui entrent en concurrence avec les récits hégémoniques ?
Nous accueillons les articles de toutes les époques qui examinent des cas d’études sur la base d'objets, de choses, d'artefacts. Ils peuvent aussi développer une analyse sur le long terme à travers les époques, ou adopter une perspective comparative. Nous invitons les auteurs et autrices à discuter dans leurs contributions des concepts de matérialité avec lesquels ils travaillent, du lien qu'ils établissent entre le choix de l'objet et du concept, et de l'influence que le choix de telles approches pourrait avoir sur la conception de la politique historique en Suisse et au-delà.
Cette édition de traverse sera publiée sous le numéro 3/2023 (octobre 2023). Toutes les contributions à ce numéro seront soumises à un processus d'examen par les pairs en double aveugle.
Nous invitons les personnes intéressées à nous envoyer un résumé d'environ 400 mots, un CV (court) et une liste de toutes les publications antérieures liées au sujet, au plus tard le 31 décembre 2021. Les résumés doivent être envoyés à Alexandra Binnenkade (alexandra.binnenkade@unibas.ch), Christina Späti (christina.spaeti@unifr.ch), Tina Asmussen (tina.asmussen@revue-traverse.ch), Matthieu Gillabert (matthieu.gillabert@revue-traverse.ch) et Yan Schubert (yan.schubert@revue-traverse.ch).
La date limite de soumission des articles finis est le 1.8.2022.
Organisé par
Traverse
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