Histoire et légendes du secret bancaire

Alors que le bras de fer entre l'UBS et la justice américaine continue de tenir en haleine les médias, le New York Times vient de publier un éditorial qui répète une fois de plus la légende héroïque du secret bancaire, tout en y ajoutant une nouvelle touche… médiévale.

Selon Pierre Bessard du Liberales Institut de Zürich:

This Swiss peculiarity of considering tax evasion as a mere administrative offense has a long history. […] This attitude goes back to Switzerland’s founding in the 13th century. The original Swiss communities’ resentment of what they saw as the Hapsburgs’ oppressive taxes helped push them to claim their independence in 1291

Des tyranniques Habsbourg aux Nazis génocidaires, le fil est ténu, mais Pierre Bessard le souligne sans hésitation:

Swiss privacy laws help preserve basic property rights. Bank secrecy was introduced in 1934, most notably to protect the identities and assets of Jews in Nazi Germany

1291, 1934, 2009… Même combat pour la liberté et la financial privacy? On peut évidemment en douter. A nouveau, une légende fallacieuse sert de justification à des pratiques frauduleuses.

Pour comprendre les enjeux de la loi sur les banques de 1934, on lira avec intérêt les deux articles suivants:

Guex, Sébastien. "1932 : l’affaire des fraudes fiscales et le gouvernement Herriot. L'Economie politique, no. janvier-mars (2007): 89-103. (CAIRN)

Guex, Sebastien. "The Origins of the Swiss Banking secrecy Law and Its Repercussions for Swiss Federal Policy." Harvard Business History Review, no. 74 (2000): 237-66. (JSTOR)

Ainsi qu'une récente interview de l'historien Sébastien Guex dans l'Hebdo du 5 mars 2009.