Informatique et dépendances

Accès direct aux contenus, capacités de stockage illimitées, communications instantanées. Les technologies de l'information et de la communication ont transformé le paysage de l'information scientifique. Mais quelles dépendances ces développements amènent-ils dans leur sillage ?

1. Hardware
Les coûts de matériel informatique prennent toujours plus de place dans les budgets. Ordinateurs, scanners, imprimantes, projecteurs, serveurs, etc. sont autant d'équipements devenus indispensables, qui doivent être achetés sur le marché. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ne sont pas des dépenses "à faire une fois"; au contraire le matériel informatique doit être périodiquement renouvelé.

2. Softwares
Finie l'époque où on allait acheter son traitement de texte ou sa base de donnée au magasin d'informatique du coin. Désormais la plupart des softwares doivent d'une part être constamment "mis à jour", d'autre part personnalisés selon les besoins du client. Ceci implique une dépendance accrue envers le fournisseur, avec lequel la relation contractuelle s'inscrit dès lors sur toute la durée d'exploitation du programme, et qui obtient un monopole de fait sur les services annexes.

L'exploitation de programmes complexes implique également une dépendance envers les compétences nécessaires au fonctionnement des programmes, qui se traduit en coûts de formation des employés.

J'entendais récemment un collègue se plaindre de l'entreprise qui gère logiciel d'archive scopeArchiv. Ayant acheté le programme et souscrit une licence à un prix très élevé, le client se retrouve aussitôt à la merci du fournisseur, en position de monopole pour fixer les prix des services souhaités par l'utilisateur, et qui rechigne à développer des modules qui profiteraient à la communauté des utilisateurs, comme le très attendu méta moteur de recherche sur l'ensemble des inventaires en ligne utilisant ScopeArchiv.

3. Documents électroniques
Selon la statistique suisse des bibliothèques 2009, les documents électroniques représentent un tiers (31%) du total des frais d'acquisition de documents par les bibliothèques universitaires. Cette proportion peut monter jusqu'à 92% dans le cas de l'EPFL.

La dépendance envers les éditeurs de revues scientifiques s'est accrue de manière exponentielle ces dernières années et pose de nombreuses questions.
Une université qui ne peut acquérir des bouquets de revues numériques est irrémédiablement reléguée en deuxième zone; l'information scientifique reste un processus collaboratif, mais dont l'accès obéi désormais aux lois du marché.
La conservation des contenus acquis est elle aussi problématique. Consultables sur les plateformes en ligne des éditeurs, les documents n'existent plus au niveau local, ce qui engendre une dépendance supplémentaire, en plus des contenus, envers les plateformes d'exploitation en ligne.

Le mouvement Open Access et les archives ouvertes comme SERVAL ou ZORA relèvent en partie de stratégies de résistance aux pressions des grands groupes d'éditeurs scientifiques. L'apparition de consortiums de bibliothèques chargés de mener les négociations, comme Couperin en France ou CBU en Suisse, s'explique aussi dans ce contexte.

4. Maintenance et entretien
Tous les services en ligne demandent une maintenance constante, faute de quoi ils cessent très rapidement d'être exploitables. La volatilité des technologies, des formats de données et des adresses web s'ajoute donc à la somme des dépendances à assumer.